Voilà ce qui me somme à les sommer
« Je pense que mon travail consiste à les rendre suffisamment curieux.ses Ou à les persuader De gré ou de force De mieux se connaître et d’être conscient.e d’où ils.elles viennent De leur intérêts et de ce qui est déjà à leur portée Et de simplement faire ressortir le tout Voilà ce qui me somme à les sommer Et je le ferai par tous les moyens nécessaires »
Voilà ce qui me somme à les sommer est une exposition collective qui nous enjoint à explorer ce que nous pouvons tirer de nos expériences héritées de dislocation et de déplacement pour former des affinités. Les œuvres sélectionnées démontrent l'urgence ressentie envers les tissages de liens communautaires qui résistent à la devise de la mort, celle qui alimente, avant tout, nos fixations et nos aspirations à la propriété.
Qu'est-ce qui nous incite à cultiver une esthétique qui s’attache aux rhizomes encore existants du déracinement comme un terrain fertile pour nos permutations collectives ? Esther Calixte-Bea, Clovis-Alexandre Desvarieux, Eddy F., Stanley Février, G L O W Z I, Anick Jasmin, Mallory Lowe, Schaël Marcéus, Oski, Stefani Saintonge et Michaëlle Sergile partagent une curiosité critique : converser puis transformer, plutôt que régurgiter, les récits d'identité. Leurs formulations visuelles offrent des convergences de fantaisies et de réalités qui nous poussent à concrétiser des visions évolutives. Les
artistes apportent une nouvelle clarté aux fils délicats du passé, du présent et de l'avenir que nous tramons ensemble pour nous manifester de manière souveraine.
Alors que nous vivons la violence d’avoir à justifier et à lutter activement pour la reconnaissance de notre humanité, nous faisons un travail miraculeux en tant que pourvoyeur.euses et créateur.rices de notre avenir. Ces œuvres, qui ne se laissent pas du tout séduire par le pouvoir que procure la visibilité, offrent des espaces pour s'imprégner des codes visuels, matériels et culturels qui établissent des points communs entre les expériences sociales de personnes noires. Voilà ce qui me somme à les sommer a pris forme en révérant l'intimité et l'indiscipline qui caractérisent les pratiques des artistes présenté.es. Il.elles ont chacun.e une propension unique à délier les connaissances et les expériences intégrales et transformatrices qui nous sont chères. Déchiffrer les récits qui élargissent nos définitions de la liberté est un travail sans relâche. Et pourtant, en nous engageant dans des pratiques artistiques consacrées à la matérialisation de nos désirs, notre position est affirmée. Si ce travail est éprouvant, il est aussi enrichissant et nécessaire à la construction de notre monde. Voilà ce qui me somme à les sommer est une offrande - un rappel - de la poétique innée qui rend nos désirs possibles.
- Joséphine Denis Commissaire